DR Special (2004)

Fender Deluxe Reverb Dumble Overdrive Special SRV

 

Puissance : 20W

Haut parleur : 1 Weber 12F150 ou Celestion Gold

Tubes : Puissance : 2 x 6V6GT Tung Sol RI
                 Redresseuse : 5AR4 JJ
                 Préampli : 3 x 12AX7 TungSol RI, 2 x 12AT7 Mullard NOS

Canal clair : volume - bass - middle - treble - bright - reverb

Canal overdrive : gain 1 - gain 2 - tone - reverb - volume

Footswitch : Clean/OD - Tremolo

Ebénisterie : Fender Deluxe Reverb RI

Poignée cuir, faite main

Chêne corrézien

A la fin des années 90, j'avais trouvé un vieux Deluxe Reverb tout crachotant dans un magasin de musique de Limoges. C'était un Silver Face, et comme en France les connaisseurs proclamés n'avait que le mot «blakfaïsse» à la bouche et que les silver ne valaient pas grand chose dans ces années mesaboogiesques, le vendeur bien content de s'en débarrasser sans avoir à le faire réparer, me le laissait pour une poignée de Francs (si si !). De retour dans mon petit appartement, et après un bon nettoyage, je fus d'abord surpris par les dates des composants. Entièrement d'origine, tubes RCA et HP Oxford. Il s'avérait qu'il était en fait de fin 1967, et après m'être tourné vers les US pour trouver des infos, qu'il appartenait donc au petit nombre de blackfaces qui avaient bénéficié du nouveau look de la gamme Fender, à partir de juillet 67. La deuxième surprise fut le son. C'était simplement splendide. La simplicité d'un son clair qui colle aux doigts, une quantité de détails dans le médium, et un crunch puis une saturation sublimes lorsqu'on poussait le volume. Cette vieillerie amenait une belle leçon pour le scientifique en moi qui voyait toujours tout en compliqué.

 

Je me souviens aussi de ce prof qui se piquait de vintage et se prenait pour un grand ingénieur connaisseur. Un pur produit de la scolastique, qui du haut de ses 50 ou 60 ans vous parlait du haut vers le bas. Pourtant il n'était même pas prof d'une matière scientifique, ce sont en général eux qui véhiculent cette bêtise élitiste. Celle là je l'avais bien subie de la part de mes collègues dans mes débuts de prof de physique. Et lui avait une fâcheuse tendance à pourrir tout ce qu'il touchait et à être fier de ça. Ainsi il avait récupéré un Deluxe Reverb blakfaïsse auquel il avait fait subir une restauration qui avait plus à voir avec une mutilation sonore. Et comme les instruments sont souvent un truc de garçons, comme les voitures ou les appareils photo, il voulait donc entendre mon Deluxe pour s'adonner à un de ces comparatifs que l'on affectionne tant. Mesurer pour se rassurer. Et bien sûr à ses oreilles son ampli sonnait mieux que le mien, et c'est d'ailleurs pour cela qu'il voulait me l'échanger contre son blakfaïsse... avec un rajout financier de ma part. Parce que mon ampli n'était qu'un silver, ben oui. J’apprenais assez tôt que le milieu du vintage drainait un certain nombre de vaniteux, mythomanes ou prétentieux, mais pire que tout, qui n'entendent rien.

 

Quelques années plus tard, je trouvais un deuxième DR dans un autre magasin de musique de Limoges, mais reissue celui ci. L'occasion me donnait l'idée de jouer avec deux DR en stéréo. Mais une fois mis côte à côte, le Reissue était clairement anémique. Son sec, détails absents. Il était terriblement décevant de comprendre que les grandes marques dont les noms nous avaient fait rêver nous proposaient désormais des produits aussi médiocres. Ils avaient totalement perdu le respect de leurs propres produits. Quant à celui de leur clients, nous étions - et au vu du matériel qui sort chaque année, nous le sommes certainement encore plus maintenant – de simples pigeons que l'on a éduqués à être plumés, et avec le sourire en plus. Car encore une fois, la communication avec les musiciens du coin que je croisais était souvent désespérante. « Wah c'est des super amplis les Fender hein ! Et puis les Reissue, c'est le haut de gamme hein !» Non mais... Vous entendez quoi, vous avez quoi à la place des oreilles ?... Solitude.

 

Alors j'ai tout viré dans cet ampli, l'affreux HP sous licence Eminence, le terrible circuit imprimé avec les composants minables, les déplorables lampes chinoises ou Sovtek-EH. Je n'ai gardé que l’ébénisterie, le châssis et les transfos. Ainsi, il allait avoir un vrai canal clair de Deluxe Reverb, digne de son grand frère de 1967. Je supprimais le circuit de Tremolo, pour avoir un son clair encore plus direct et faire la chasse aux compressions induites par les circuits périphériques. Originellement, je le configurais en trois canaux, faut croire que je n'étais pas lassé des amplis multi canaux ! Un canal clair identique au DR original, le même avec un Master Volume, et un canal saturé avec deux gains en cascade (comme sur les Dumble ou les anciens Prosonic). Et toujours des réglages de Reverb séparés, ainsi qu'un Tone pour ajuster le canal saturé.

 

Vous allez me dire, drôle d'idée de mettre un Master sur un ampli 20W. En effet, c'était inutile... Du coup je l'ai par la suite modifié, et au fil du temps, il m'a servi d'ampli d'essai pour tout un tas de configurations. Actuellement, il a simplement un canal clair et un saturé. J'ai l'idée de lui rajouter un circuit de tremolo, mais qui ne « pomperait » pas le son clair. Un jour peut-être...

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